lundi 23 août 2010

Casa Ascuita

« Everithing in Moldova is about surviving ». Rodika me regarde avec un petit sourire résigné en peignant les cheveux d'une petite fille agenouillée à ses pieds.


Rodika est éducatrice à la Casa Aschuita, le centre d'accueil d'urgences dans lequel je travaille depuis quelques jours. Ce matin ses mots prennent tout leur sens. Alors que nous rentrons d'une promenade au parc avec les enfants, des travailleurs sociaux déposent au centre 7 nouveaux enfants. Parmi eux 4 soeurs, la plus jeune a environ 1 an, la plus âgée n'a pas plus d'une dizaine d'années. L'aînée porte le bébé dans ses bras. Elles se tiennent côte à côte en silence. Elles sont couvertes de crasse, le bébé a des croûtes sur tout le visage, l'une d'entre elles ne porte même pas de chaussures.


Les trois autres enfants ont été trouvé dans la rue. Je crois d'abord qu'il s'agit de 3 garçons puis j'apprends que l'un des trois est une fille, à qui l'on a rasé la tête.


Ils s'assoient à table et après beaucoup d'hésitations commencent à manger puis même à dévorer. Ils ont l'air tellement perdu. La fillette aux cheveux rasés reste muette, les yeux dans le vague.


Les enfants montent dans les dortoirs pour la sieste tandis que nous commençons à laver les 4 soeurs. Rodika découvre qu'elles sont couvertes de puces, tout leur corps en porte les stigmates. Elle leur applique un produit dans les cheveux. On leur trouve des vêtements propres. Parer au plus pressé, leur redonner le sourire. Ingrid, une volontaire néerlandaise, et moi tentons de les amuser. Des sourires timides apparaissent, quelques rires, des bras se tendent pour un calin. La grande soeur prend soin du bébé sans relâche.


Les enfants sont tous couchés pour la sieste dans des dortoirs aux lits superposés, la grande soeur garde le bébé avec elle. Rodika souffle et raconte. Elle raconte son fils en Italie qu'elle n'a pas vu depuis des années, son mari au Pays Bas, elle toute seule à Chisinau. Elle raconte les 6 années de démarches pour obtenir un passeport roumain et enfin peut être l'espoir d'en avoir un bientôt et de rejoindre sa famille en Europe de l'Ouest. Elle me dit dans son anglais parfait, qu'elle a appris toute seule dans les livres, que la vie est une saloperie.

1 commentaire:

  1. ton article m'a donné des frissons Julie...
    Courage et pleins de sourires aux 'tis loups égarés de casa ashiuta

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