jeudi 15 décembre 2011

Portrait d'une jeunesse volontaire (10)

Read it in English.

Se rencontrer. S'apprécier, s'aimer (ou pas!). Partager cette aventure incroyable qu'est notre SVE en Moldavie. Et rentrer enrichis par toutes ces rencontres.

J'ai décidé de garder une trace de tous ces visages à travers une galerie de portraits et des interviews qui font échos à mes propres questionnements.

Portrait de famille.


Suzanne, 19 ans, Belgique (Liere), SVE de 10 mois





Peux tu, en quelques mots, me dire ce que tu faisais avant ton SVE ?

J'ai terminé le lycée.

Pourquoi as-tu décidé de partir en SVE et particulièrement en Moldavie?

En fait, je voulais faire ça depuis longtemps, depuis mes 13 ans peut-être: partir à l'étranger après le lycée. Il y a deux ans, j'ai cherché des possibilités. Au départ, je voulais faire un AFS, c'est à dire refaire ma dernière année de lycée mais à l'étranger. Mais j'ai pensé que je m'ennuierai en retournant à l'école à nouveau. J'ai alors réalisé que le SVE était idéal, parce que je ferai quelque chose de différent et qu'en plus, c'est avantageux financièrement. J'ai cherché un projet et j'en ai trouvé un qui semblait intéressant en Moldavie. Je me suis dit: "Pourquoi pas la Moldavie, je ne connais rien de ce pays, mais ça peut être intéressant parce que c'est très différent. Et mystérieux."

Quel était ton projet en Moldavie ?

Mon projet s'appelle "Associaţia Motivaţie din Moldova": c'est une association qui travaille avec des enfants et des jeunes adultes handicapés, généralement avec des handicaps physiques. Ils ont différents programmes tout au long de l'année avec lesquels je les aide.

Quels sont tes projets à ton retour ? Est-ce que ce SVE a changé tes projets d'avenir?

D'abord, je prends des vacances. Puis je vais commencer mes études à l'université, probablement en ingénierie civile si je pense que c'est mon truc. Autrement, je changerai pour quelque chose que j'aime mieux: On ne peut jamais savoir, avant de commencer, ce que ça va être et si on va aimer.

De quoi rêves-tu pour ton avenir?

Je veux juste rester aussi heureuse que je le suis aujourd'hui. Je veux voyager beaucoup, parce que c'est quelque chose d'important dans ma vie. Le monde entier m'intéresse donc je voyagerai autant que possible. J'espère trouver un travail qui me permette de voyager beaucoup. Voyager pour mon travail pourrait être sympa aussi.
Mais je ne peux pas dire que j'ai des rêves bien précis: mes rêves arrivent quand je les réalise. Avant, mon rêve était de faire un SVE et c'est devenu réel.

Qu'est-ce que tu retiendras en particulier de cette expérience ?

Je me souviendrai de plein de choses. Je me souviendrai que j'ai eu un projet très intéressant, ce qui n'était pas le cas de tout le monde. Je me souviendrai toujours de cette association. Et je resterai en contact avec eux quoi qu'il en soit parce que je suis maintenant leur coordinateur international volontaire, ce qui veut dire que j'organiserai des projets avec d'autres volontaires, ou trouverai des aides supplémentaires.
Je me souviendrai à coup sûr des autres volontaires et de la belle année que j'ai passée avec mes colocataires. Les voyages, les moments de joies qu'on a eu. Je regarderai cette année positivement parce que j'ai appris énormément. Et je dois avouer que c'était la meilleure année de ma vie. C'est triste que ça se termine, mais c'est normal. Autrement, on s'habitue à tout ça, et ce n'est pas vraiment un avenir possible.

samedi 20 août 2011

Portrait d'une jeunesse volontaire (9)

  Se rencontrer. S'apprécier, s'aimer (ou pas!). Partager cette aventure incroyable qu'est notre SVE en Moldavie. Et rentrer enrichis par toutes ces rencontres.

J'ai décidé de garder une trace de tous ces visages à travers une galerie de portraits et des interviews qui font échos à mes propres questionnements.

Portrait de famille.

 Rosa, 18 ans, Karlsruhe (Allemagne), Weltwärst 11 mois



Peux tu, en quelques mots, me dire ce que tu faisais avant ton SVE ?
Je venais juste de finir le lycée et je faisais aussi beaucoup de choses à côté, dans le culturel, l’associatif…

Pourquoi as-tu décidé de partir en SVE et particulièrement en Moldavie?
Je voulais travailler dans le social car je l’avais fait avant mais pas de façon officielle. Je voulais faire quelque chose que je pourrais faire sans qualification et sans argent. J’ai donc réalisé que je pouvais faire un service volontaire, et la Moldavie s’est présentée par hasard. J’ai cherché sur internet et j’ai trouvé une organisation d’envoi sympa. Ils proposaient un projet qui me plaisait en Moldavie. J’ai tapé Moldavie sur Google, j’ai beaucoup aimé car ça semblait…mystérieux.

Quel était ton projet en Moldavie ?
Je travaillais dans un centre de jour pour des gens avec ou sans handicaps. Principalement il s'agissait de  personnes handicapées qui venaient dans la journée pour faire des activités. Et hors vacances scolaires, des enfants d’un orphelinat venaient après l’école 3 jours par semaine. Une grande partie de mon travail consistait à faire de l’art plastique avec eux. On faisait aussi du sport parfois avec les enfants handicapés. On avait des jours de jeux et beaucoup de « sarbatoare » (fêtes en roumain). Et le plus important pour moi a été l’atelier théâtre que j’ai mis en place avec eux : une fois par semaine je rencontrais les enfants handicapés et nous faisions du théâtre ensemble. D’abord nous avons fait quelques exercices et puis nous avons créé une pièce à partir d’histoires des enfants. On l’a montré à des petits groupes, c’était sympa !

Quels sont tes projets à ton retour ? Est-ce que ce SVE a changé tes projets d'avenir?
Je vais probablement étudier la sociologie et quelque chose d’autre, en Allemagne. J’ai posé ma candidature mais je ne sais pas encore. Grâce à ce SVE j’ai rencontré beaucoup de gens pendant mes voyages, beaucoup de moldaves, de volontaires, qui avaient des styles de vie différents de ce qui est « normal » en Allemagne. Tout n’est pas forcément si normatif (tu vas à l’école, tu étudies, tu fais ci et ça, tu as des enfants, tu achètes une maison). Je n’ai jamais voulu avoir ça, mais pour la première fois j’ai rencontré beaucoup de gens avec des styles de vie différents.

De quoi rêves tu pour ton avenir?
Je ne sais pas, je veux aller quelque part où je puisse être utile et je veux vraiment continuer ce que j’ai toujours fait avec les squats et la culture underground. Je voudrais essayer ça dans différents endroits du monde car j’ai réalisé que c’est parfois très différent de ce qui se fait en Allemagne. Peut-être qu’un jour j’irai dans une ferme pour vivre avec des gens en communauté et faire ce genre de choses…peut-être dans le nord de la Moldavie.

Qu'est-ce que tu retiendras en particulier de cette expérience ?
 Je pense que je me souviendrai de toutes les choses que j’ai aimé, plus que de celles que je n’ai pas aimé (j’ai vécu dans différents endroits par le passé et c’est toujours comme ça pour moi, je me souviens des bonnes choses) et je pense que je me souviendrai du chaos, partout dans la rue, sur les marché, dans chaque partie de la vie. J’ai vraiment aimé ça.
Je me souviendrai que les gens ici sont plus indépendants : ils ne comptent pas sur grand-chose. Peut-être qu’ils ont moins mais ils trouvent toujours une façon de s’en sortir : ils n’ont pas beaucoup d’aides de l’Etat, d’aides sociales sur lesquelles se reposer donc ils trouvent leurs propres solutions.  Je sais que ce n’est pas forcément bien mais j’ai aimé ça car je sentais qu’ils devaient ne compter que sur eux-mêmes.
Je me souviendrais de la nourriture et des légumes, des gens, des volontaires, mon appartement et mes collocs, le squat et la piata centrala (le marché central).



 Eric, 24 ans, Allemagne (Weimar), SVE de 12 mois


 
Peux tu, en quelques mots, me dire ce que tu faisais avant ton SVE ?
Je travaillais dans une pharmacie. C'était pour une grosse compagnie de fabrication de médicaments. Je n'ai pas fait d'études, et en Allemagne tu as la possibilité de faire un apprentissage, tu travailles et tu vas en cours. Ça a duré 3 ans et demi.

Pourquoi as-tu décidé de partir en SVE et particulièrement en Moldavie?
J'étais énervé contre ce système, le travail, la hiérarchie. Tu as un patron et tu dois le suivre : ce n'est pas possible de penser par toi même, tu dois faire ce qui est prévu. J'étais énervé que ma créativité et mes décisions personnelles soient annihilées. Je voulais être libre, faire ce que je veux. Donc j'ai décidé de démissionner et de ne plus travailler pour ce système. Je voulais une nouvelle expérience dans un autre domaine. Ne plus travailler avec des machines mais avec des humains, des enfants. Je voulais voir si j'étais capable de travailler avec des gens plutôt qu'avec des machines. 
Je suis arrivé en Moldavie par accident si on veut car je n'avais jamais entendu parler de ce pays. J'étais curieux d'en savoir plus. Je voulais aussi quitter l'Europe, partir loin. Mais le SVE est juste en Europe. Donc j'ai postulé pour l'Islande et l'Europe de l'Est. La Moldavie est le seul pays a avoir répondu alors j'ai décidé que j'irai là, quoiqu'il se passe. Je ne savais pas exactement ce que j'allais faire là-bas. J'ai posé ma candidature pour un projet dans un centre d'animation pour enfants et j'ai finalement atterri dans un centre pour personnes handicapées.


Peux tu m'en dire plus sur ton projet?
Mon travail consistait à organiser des activités avec les enfants, comme de la couture (et en fait ça m'a appris la patience!), de l'origami et des activités en extérieur. Le centre offre la possibilité à des personnes handicapées de voir la "vraie vie". Par exemple, on est allé au cinéma et c'était la première fois pour certains d'entre eux qui avaient pourtant 30 ans. On a aussi organisé un atelier théâtre avec l'autre volontaire et un jour allemand, pour leur montrer nos traditions et d'autres choses.


Quels sont tes projets à ton retour ?
J'ai des rêves. Je suis sûr que je ne reviendrai pas à la pharmacie, je ne travaillerai pas à nouveau à long terme pour un système comme je l'ai déjà fait. Je vais peut-être travailler quelques mois pour avoir de l'argent et puis voyager. C'est mon rêve : voyager. En Amérique du sud, en Nouvelle Zélande et dans beaucoup d'autres endroits.

Est-ce que ce SVE a changé tes projets d'avenir?De quoi rêves tu pour ton avenir?
Je veux aller dans différents endroits, rencontrer des gens. Ne pas stagner.

Qu'est-ce qu'il te restera de cette expérience en Moldavie?
Je me rappellerai que j'ai partagé cette expérience de SVE avec des personnes très différentes de partout en Europe, ce qui n'est pas si courant. Tu peux échanger beaucoup de façons de penser. J'ai appris que notre vision de l'Europe est très différente de ce qu'elle est vraiment : l'Europe est une forteresse et beaucoup de jeunes veulent avoir une Europe libre pour tout le monde. Ils veulent un monde libre, pas fermé par des frontières. Quand tu es moldave tu n'as pas cette possibilité de voyager en Europe. Tu n'as pas la possibilité d'être libre et beaucoup de gens doivent vivre illégalement quelque part.
Je me souviendrai que les gens en Moldavie ont perdu leur croyance, leur confiance et leur foi en la politique. Beaucoup de gens sont résignés parce que ce combat est très compliqué.




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vendredi 19 août 2011

Portrait d'une jeunesse volontaire (8)

 Se rencontrer. S'apprécier, s'aimer (ou pas!). Partager cette aventure incroyable qu'est notre SVE en Moldavie. Et rentrer enrichis par toutes ces rencontres.

J'ai décidé de garder une trace de tous ces visages à travers une galerie de portraits et des interviews qui font échos à mes propres questionnements.

Portrait de famille.



Zoé, 22 ans, France (Angers), SVE de 9 mois



Peux tu, en quelques mots, me dire ce que tu faisais avant ton SVE ?
J'ai fini une licence d'informatique.

Pourquoi as-tu décidé de partir en SVE et particulièrement en Moldavie?

Je finissais ma licence d'informatique et je n'avais pas du tout envie de continuer là dedans. Du coup j'avais vraiment besoin d'un break pour réfléchir à tout ça. J'avais envie depuis longtemps de partir à l'étranger et de faire quelque chose de plus concret que les études. Le SVE en plus c'est gratuit. La Moldavie ça c'est un peu par hasard mais je voulais un projet sans trop de prise de risque, je n'étais pas très à l'aise en anglais avant de partir et sur un projet dans le culturel, qui m'aurait intéressé, j'aurais été trop stressée je pense.

Quel était ton projet en Moldavie ?
J'étais dans un centre d'animation pour les enfants qui viennent après l'école. Ce sont des enfants choisis sur critères sociaux. Les enfants y reçoivent un repas par jour en plus du goûter et participent à des animations. Ce n'était pas facile...on a essayé, avec PO l'autre volontaire, de mettre en place des choses : un atelier théâtre, un atelier photo, des loisirs créatifs mais c'était dur de les motiver et on était seuls avec les enfants. C'était dur de travailler ensemble avec les éducatrices.

Quels sont tes projets à ton retour ? Est-ce que ce SVE a changé tes projets d'avenir?
J'étais venu pour réfléchir à mon avenir et donc oui ce SVE m'a aidé à y voir plus clair. Notamment grâce à l'atelier théâtre que j'ai animé à l'alliance française, en plus de mon projet au centre d'animation, qui m'a montré que ce qui est culturel m'intéresse vraiment. Si je suis acceptée, je vais faire un Master Ingénierie de la culture option scientifique car j'ai un bagage scientifique.

De quoi rêves tu pour ton avenir?
(rires) J'aimerais bien animer un atelier théâtre...et travailler dans la culture, gérer une petite salle de spectacle, un café théâtre...

Qu'est-ce que tu retiendras en particulier de cette expérience ?
Ça apporte une grande ouverture d'esprit, ça t'apprend à t'adapter à des gens différents, de culture différente, à vivre en communauté...Sur la Moldavie, disons que là je suis à la fin de mon séjour (au moment de l'interview) et que je sature un peu alors ce n'est pas forcément positif ce que je pense...Même si les gens sont très accueillants, c'est vraiment une autre culture et ça peut devenir fatigant...

Natasha, 20 ans, Allemagne (Lauterbach), SVE 11 mois



Peux tu, en quelques mots, me dire ce que tu faisais avant ton SVE ?
J'ai fini le lycée.

Pourquoi as-tu décidé de partir en SVE et particulièrement en Moldavie?
Je voulais faire un break entre le lycée et la fac, faire quelque chose d'utile aux autres, voyager, rencontrer des gens...Je voulais partir en Europe de l'Est, la Moldavie s'est fait par hasard. J'avais un bon pressentiment à propos de ce pays (rires).

Quel était ton projet en Moldavie ?
D'abord j'ai travaillé avec des enfants handicapés. Après j'étais dans un centre d'animation et maintenant j'aide dans un centre médical pour enfants handicapés. Je joue avec les enfants, je fais des bricolages, j'essaye d'enseigner l'anglais...ça ne marche pas toujours (rires). J'aide pendant le transport des enfants.

Quels sont tes projets à ton retour ? Est-ce que ce SVE a changé tes projets d'avenir?
Je vais aller à la fac pour étudier l'économie et j'espère combiner ça avec des études sur l'Europe de l'Est. Je vais continuer à apprendre le russe.

De quoi rêves tu pour ton avenir?
(rires) D'abord voyager comme tous les autres volontaires et j'espère vivre à l'étranger et continer à visiter les amis que j'ai rencontré ici.

Qu'est-ce que tu retiendras en particulier de cette expérience ?
La vie dans une ville, pour al première fois. Et être seule loin de la famille, être indépendante et faire ce que je veux pour la première fois, aller où je veux quand je veux.
Et Chisinau bien sûr...avec les blocs soviétiques, les trolleybus, les microbus...La campagne, l'hospitalité des moldaves...le bon vin...la bonne nourriture!

jeudi 21 juillet 2011

Portrait d'une jeunesse volontaire (7)

 Se rencontrer. S'apprécier, s'aimer (ou pas!). Partager cette aventure incroyable qu'est notre SVE en Moldavie. Et rentrer enrichis par toutes ces rencontres.

J'ai décidé de garder une trace de tous ces visages à travers une galerie de portraits et des interviews qui font échos à mes propres questionnements.

Portrait de famille.


Natacha, 21 ans, France (Le Mans), SVE 8 mois



Peux tu, en quelques mots, me dire ce que tu faisais avant ton SVE ?
J'ai fini mon DUT carrières sociales option animation  sociale et socioculturelle à Rennes.

Pourquoi as-tu décidé de partir en SVE et particulièrement en Moldavie?
Je pensais reprendre une licence pro mais je n'étais pas sûre, je sentais que j'avais besoin de partir à l'étranger, de vivre autre chose. La Moldavie, c'était par hasard et aussi parce que je voulais travailler avec les Roms.

Quel était ton projet en Moldavie ?
Je travaillais pour l'ONG Tarna Rom qui défend les droits des roms en Moldavie. On organisait des projets culturels autour de l'éducation, de la santé. Mon asso travaille dans 7 villages,  je suis partie dans les écoles de deux d'entre eux pour faire un projet photographique avec des enfants de 9-10 ans. L'idée était de donner des appareils photo aux enfants et de les faire parler de leur vie, de leurs envies, de leurs besoins...Il était prévu de faire une exposition pour communiquer sur la situation des Roms en Moldavie et dans les villages. L'exposition n'a pas eu la forme prévue du à des désaccords avec mon boss, mais l'important pour moi dans ce projet c'est le processus. Le travail avec les enfants qui ont pris beaucoup de plaisir à découvrir un nouvel outil, l'appareil photo : se voir en photo, prendre des photo, montrer leur maison, leurs animaux, le village. Même les gens, quand on se baladait dans le village avec les appareils photo, ils nous disaient « Venez chez moi prendre des photos! ». Les gens ont beaucoup de choses à nous dire, il faut les écouter. 

Quels sont tes projets à ton retour ? Est-ce que ce SVE a changé tes projets d'avenir?
J'ai fait des dossiers de candidature pour une licence pro « intervention sociale » ou une licence pro « coordinateur de projet d'éducation à l'environnement, développement durable ». Cette expérience m'a permis d'être plus claire dans ma décision, de prendre du recul, d'avoir une expérience professionnelle et une expérience de vie formidable.

De quoi rêves tu pour ton avenir?
Je voudrais continuer à voyager, continuer à apprécier chaque petit moment de la vie comme j'ai pu le faire en Moldavie, comme se balader des heures dans la ville, aller à la piata (le marché) c'est comme un théâtre tu peux y rester toute la journée à regarder. Bouger dans le monde, rencontrer des gens, apprendre a connaitre d'autre culture, et surtout ne jamais s'ennuyer! 

Qu'est-ce que tu retiendras en particulier de cette expérience ?
Toute l'expérience internationale avec les autres volontaires, ça c'est une première chose. Deuxième chose, l'expérience pour moi : partir seule et me découvrir. 

 
Louise, 22 ans, France (Lyon), SVE de 9 mois



Peux tu, en quelques mots, me dire ce que tu faisais avant ton SVE ?
J'ai passé une licence de sociologie et l'année dernière j'ai commencé un Master que j'ai arrêté car j'ai réalisé que ça ne me serait pas utile après. J'ai bossé pas mal dans l'animation, j'ai fait des petis boulots puis j'ai postulé pour le SVE.

Pourquoi as-tu décidé de partir en SVE et particulièrement en Moldavie?
J'étais bénévole dans un CADA (centre d'accueil pour demandeurs d'asiles) et je voulais voir comment ça se passait ailleurs donc c'est ce qui m'a motivée à venir en Moldavie, le projet.

Quel était ton projet en Moldavie ?
J'ai travaillé dans le Centre de charité pour réfugiés. C'est un centre de jour ouvert pour les réfugiés avec accès à internet, des machines à laver, une cuisine...Les réfugiés peuvent s'en servir comme ils veulent. J'allais voir aussi deux fois par semaines les enfants dans un autre centre où les réfugiés vivent pour faire des activités, des jeux avec eux et donner des cours d'anglais un petit peu.

Quels sont tes projets à ton retour ? Est-ce que ce SVE a changé tes projets d'avenir?
Mon SVE m'a fait prendre conscience que je n'ai pas envie de bosser avec des adultes, j'ai envie de bosser avec des enfants. Là je vais essayer de passer le BPJEPS, un diplôme professionnel dans l'animation.

De quoi rêves tu pour ton avenir?
Je voudrais vivre en Norvège pendant au moins un an et voyager partout pendant au moins deux ans.
Qu'est-ce que tu retiendras en particulier de cette expérience ?
Comme je travaillais avec des réfugiés, j'ai pu rencontrer beaucoup de gens de beaucoup de pays différents et de cultures et de religions différentes. Ce que j'en ai retenu c'est qu'il y a tellement de visions différentes du monde et de la vie qu'il faut rester très très ouvert. Personne n'a raison, personne n'a tort. Tout est intéressant. Et aussi ça m'a appris qu'il faut prendre des initiatives dans ton boulot, se bouger quoi qu'il se passe !


mercredi 29 juin 2011

Portrait d'une jeunesse volontaire (6)

Se rencontrer. S'apprécier, s'aimer (ou pas!). Partager cette aventure incroyable qu'est notre SVE en Moldavie. Et rentrer enrichis par toutes ces rencontres.

J'ai décidé de garder une trace de tous ces visages à travers une galerie de portraits et des interviews qui font échos à mes propres questionnements.

Portrait de famille.

Julien, 21 ans, France (Strasbourg), SVE de 11 mois

 Peux tu, en quelques mots, me dire ce que tu faisais avant ton SVE ?
J'ai fait une licence d'informatique à Strasbourg.

Pourquoi as-tu décidé de partir en SVE et particulièrement en Moldavie?
Ça fait un bout de temps, depuis le bac, que je voulais partir à l'étranger. Je connaissais le SVE par mon ex et une autre copine qui avait fait un SVE. Je me suis renseigné pour faire un Erasmus pour une première année de Master et puis je n'ai rien trouvé qui m'intéressait et j'ai repensé à ce SVE. Je me suis dit qu'après ma licence ça serait l'occasion de faire ça avant de reprendre des études. Je voulais partir en Europe de l'Est et j'avais un pote moldave à la fac qui m'a parlé de son pays. J'ai suivi avec lui les évènements en 2009 (pour en savoir plus) et donc quand j'ai vu l'offre en Moldavie je me suis dit « Pourquoi pas ».

Quel était ton projet en Moldavie ?
Au départ, je devais travailler dans le Centre national pour les Roms et puis il s'est avéré qu'ils n'avaient pas besoin d'un volontaire à plein temps. Donc j'ai combiné avec un centre d'animation qui est devenu mon projet principal. C'est un centre municipal où les enfants viennent après l'école. C'est une petite strucutre donc j'étais assez libre de faire ce que je voulais comme activité.

Quels sont tes projets à ton retour ? Est-ce que ce SVE a changé tes projets d'avenir?
Mon plan à la base c'était de faire un master en rentrant. Mais je ne vais pas le faire, je ne me sens pas de le faire tout de suite, je ne sais pas exactement ce que je veux faire donc je ne veux pas me lancer dans deux ans d'études sans être sûr. La Moldavie m'a changé, m'a donné envie de bouger encore plus. J'ai une possibilité de faire un stage à Berlin. J'aimerais encore voyager, rester quelques mois dans d'autres pays, aller en Roumanie bosser dans une ferme et travailler mon roumain. Enfin voilà, je n'ai pas d'idées encore précises...

De quoi rêves tu pour ton avenir?
Plus j'avance dans le temps, moins je me projète dans l'avenir lointain...ça m'a donné envie de bouger, ça m'a ouvert aussi d'autres portes. Ça m'a ouvert un peu plus au monde de l'art et de la culture quand j'étais impliqué dans le squat ou dans d'autres trucs auxquels je ne pensais pas avant. Donc non je n'ai pas de projets concret, j'ai le temps, je me sens jeune!

Qu'est-ce que tu retiendras en particulier de cette expérience ?
Je pense que je continuerai à parler de la Moldavie comme d'un endroit à voir. C'est tellement dommage que personne ne connaisse mais d'un autre côté c'est bien que ça ne soit pas touristique car c'est plus ou moins préservé mais ça vaut le coup d'être connu. Il me restera aussi tous les gens rencontrés ici. Avant de partir tu as un peu peur, genre « qu'est-ce qu'il va m'arriver ?» mais en fait t'arrives et tu te sens intégré vite. Le fait que les Moldaves n'aient pas l'habitude de voir des étrangers fait que tu es super bien accueilli. C'est intéressant aussi de savoir ce que c'est que d'être un étranger dans un pays de manière générale. Tu peux transposer ça quand tu vois des étrangers dans ton pays, tu connais un peu ce qu'ils ressentent, ce que ça fait. C'est intéressant.


Constance, 22 ans, France (Saint-Lô), SVE 9 mois 


Peux tu, en quelques mots, me dire ce que tu faisais avant ton SVE ?
Juste avant de venir j'étais assistante d'éducation dans un lycée. Auparavant j'ai étudié la philosophie à Rennes, puis travaillé pour Brittany ferries un certain temps.

Pourquoi as-tu décidé de partir en SVE et particulièrement en Moldavie?
Ça fait très longtemps que j'ai envie de voyager à l'étranger, initialement naïvement parce que j'étais douée en langue et que j'avais envie de pratiquer les langues. Je pensais partir en Erasmus en master mais j'ai arrêté la philo avant, j'avais envie d'autre chose. De m'évader. C'est ma meilleure amie qui m'avait parlé du SVE, je venais de me retrouver au chômage et j'ai réussi à trouver une association qui envoyait des volontaires. J'ai obtenu un rendez-vous, ça m'a plu. Je voulais travailler dans le social, dans un orphelinat et un peu par hasard j'ai parlé de la Roumanie lorsque l'on m'a aussitôt proposé ce projet en Moldavie. Je suis partie à Paris travailler, et en même temps je préparais mon volontariat.

Quel était ton projet en Moldavie ?
Je travaillais dans un orphelinat, la Casa Ascuita à Chisinau, pour des enfants qui sortaient de situations difficiles. On m'a proposé d'y faire des activités et de l'aide aux devoirs.

Quels sont tes projets à ton retour ? Est-ce que ce SVE a changé tes projets d'avenir?
Alors, ça n'a absolument pas changé mes plans puisque depuis très longtemps je dois terminer la licence de philosophie interrompue il y a un moment. Lors de mon « pre-departure training », on m'a posé la question, ma réponse était déjà celle-ci.
Je pense qu'inconsciemment je pensais que je me destinais à l'éducation parce qu'en philosophie la seule issue professionnelle est l'enseignement, ou une réorientation vers un concours de professorat des écoles. J'ai toujours appprécié mon contact avec les enfants. Je me suis posé la question ici. Dans l'orphelinat on avait principalement des petits. Et même si j'ai beaucoup apprécié mes journées avec eux et que travailler avec des enfants m'a beaucoup touchée, je crois que cette expérience m'a confortée dans l'idée que ce n'est pas ce que je veux faire. Ça demande un certain dynamisme et je crois définitivement que pour avoir travaillé avec différents types de jeunes et des enfants, ça n'est pas mon truc.


De quoi rêves tu pour ton avenir?
En venant ici j'avais déjà voyagé mais pas à long terme, je ne m'étais jamais installée à l'étranger . J'ai vraiment apprécié voyager et je n'ai pas envie que ça s'arrête en fait. Je rentre en France un an mais j'ai vraiment envie que ça continue à faire partie de ma vie. Je le savais avant, mais là, de retour en France j'ai vraiment tellement peur de m'ennuyer. Peut-être que je trouverais une voie professionnelle de retour en France et que finalement je me dirais que voyager c'est fatiguant, mais aujourd'hui je me sens terriblement enrichie par toutes ces rencontres, elles m'ont ouverte à divers horizons que je veux encore découvrir.

Qu'est-ce que tu retiendras en particulier de cette expérience ?
Je pars très bientôt (au moment de l'interview) et je ne comprends pas vraiment ce qu'il se passe puisque j'ai passé un an ici et vers la fin je me suis un peu essoufflée. Tout de suite j'ai envie de répondre, car je ne suis pas dans un très bon état d'esprit, que c'était vraiment une année de déchirements : les volontaires partent un à un, les enfants sont partis un à un. Ça ne ressemblait pas du tout à cette année de césure que je m'étais imaginée légère. J'ai l'impression qu'au fur et à mesure tout s'est dégradé car je me m'attendais pas à ce que les gens partent.
Dans 10 ans je parlerai sûrement de cela, mais aussi du fait que cela m'a apporté une confiance en moi énorme, que je n'avais pas avant, peut-être parce que je me suis retrouvée dans un nouveau milieu avec des gens qui avaient l'air sympathiques, j'ai senti que nous avions quelque chose de fort à partager, dont je ne voulais pas me priver parce qu'encore je n'avais pas confiance en moi. Cela m'a permis de me libérer de mon propre jugement, en un sens, et c'est la première fois.

mardi 28 juin 2011

European citizen

Constantin arrive de Iaşi, en Roumanie, où après 4 ans de démarches, il vient d'obtenir sa carte d'identité roumaine.


Des dizaines de millier de moldaves font cette démarche chaque année. Pour obtenir la citoyenneté roumaine il leur faut prouver que certains de leurs ancêtres étaient roumains* et...s'armer de patience.

Leurs motivations sont avant tout économiques : un passeport roumain ouvre les portes de l'Union Européenne.

"En Italie je vivrai, je ne survivrai plus. Même survivre là bas est plus facile que survivre en Moldavie", explique Constantin.

La Moldavie, pays le plus pauvre d'Europe (avec un salaire moyen de 150 euros), se vide de sa population active. Officieusement, un quart de la population vit à l'étranger.

Je lui demande s'il est heureux, il sourit : "I'm an european citizen now...".






*Une partie de la Moldavie était roumaine jusqu'en 1941 date à laquelle les soviétiques  l'ont annexée et ont créé la République Socialiste Soviétique de Moldavie.

samedi 25 juin 2011

Il est temps de faire le bilan...

Après un an de volontariat européen à Chişinău, un bilan s'impose.
Les volontaires que nous avons rencontré ici nous livrent leurs impressions sur leur expérience.

Portrait d'une jeunesse volontaire (5)

Se rencontrer. S'apprécier, s'aimer (ou pas!). Partager cette aventure incroyable qu'est notre SVE en Moldavie. Et rentrer enrichis par toutes ces rencontres.

J'ai décidé de garder une trace de tous ces visages à travers une galerie de portraits et des interviews qui font échos à mes propres questionnements.

Portrait de famille.


Clémence, 23 ans, France (Lille), SVE de 6 mois


Peux tu, en quelques mots, me dire ce que tu faisais avant ton SVE ?
Je viens de finir mes études en Master éducation/prévention santé à Lille.

Pourquoi as-tu décidé de partir en SVE et particulièrement en Moldavie?
Ça faisait 2 ans que j'avais envie de partir à l'étranger et je n'ai pa pu le faire pendant mes études donc après mon Master je voulais faire un VIE (volontariat international en entreprise) mais dans ma branche il n'y en a pas donc j'ai trouvé le SVE. Je voulais faire quelque chose que je puisse valoriser sur mon CV donc quelque chose dans mon domaine. Le projet que j'ai trouvé dans mon domaine était en Moldavie.

Quel était ton projet en Moldavie ?
C'est l'ONG New life, Viata noua, qui aide les personnes toxicomanes ou atteintes du VIH à se réinsérer dans la société. Je discutais avec les bénéficiaires, je participais aux activités de l'asso. Je suis aussi allée dans le centre de réhabilitation de l'asso dans lequel les toxicomanes vont 6 mois pour retrouver un rythme de vie normal.

Quels sont tes projets à ton retour ? Est-ce que ce SVE a changé tes projets d'avenir?
Je rentre en France et je vais essayé de trouver un boulot dans ma branche ou peut-être revenir ici, en Moldavie, en service civique.

De quoi rêves tu pour ton avenir?
J'aimerais bien continuer à voyager parce que là c'était mon premier gros voyage. Il y a plusieurs pays qui me tentent, donc j'aimerais continuer à voyager tout en travaillant en France à côté.

Qu'est-ce que tu retiendras en particulier de cette expérience ?
La gentillesse des gens quand on va dans les villages. C'est un pays qu'on ne connaît pas du tout et c'est surprenant de voir comment sont les gens. Ils nous accueillent toujours, ils sont toujours très contents de voir des étranger qui parlent un peu leur langue, qui s'intéressent à leur pays.


Lisa, 26 ans, France (Marseille), SVE de 6 mois



Peux tu, en quelques mots, me dire ce que tu faisais avant ton SVE ?
Avant de venir, j'ai fini mes études de psychologie à Aix en Provence. J'ai eu mon diplôme en juin dernier.

Pourquoi as-tu décidé de partir en SVE et particulièrement en Moldavie?
Pour moi, c'était important de partir, de faire un break dans ma vie. J'avais cette envie de voyage et en même temps aussi de continuer à apprendre dans ma branche, qui est la psychologie. Du coup j'ai trouvé que le SVE ça alliait bien les deux : à la fois partir en vacances, découvrir une nouvelle culture et travailler dans le domaine social aussi et découvrir comment ça se passait dans ce domaine en Europe de l'est car je ne connaissais pas. La Moldavie ne m'attirait pas du tout au départ mais je voulais aller dans un pays que je connaissais pas du tout et je me suis dit « si tu n'y vas pas là maintenant pour ce projet, tu n'iras peut-être jamais de ta vie », parce que a priori ce n'est pas attractif...

Quel était ton projet en Moldavie ?
Mon premier projet c'était dans un centre avec des enfants et des ados qui venaient tous les jours de 15h à 19h mais ça ne m'a pas convenu. C'était très difficile avec l'équipe. Donc finalement j'ai changé de projet pour pratiquer quelque chose qui était plus dans mon domaine. Du coup mon second projet ça a été de bosser avec une équipe qui travaille avec de jeunes adultes qui ont des handicaps physiques. Je bougeais beaucoup en Moldavie pour aller rencontrer ces jeunes adultes qui eux ne peuvent pas se déplacer et leur donner des informations.

Quels sont tes projets à ton retour ? Est-ce que ce SVE a changé tes projets d'avenir?
Certainement qu'en rentrant une de mes priorités va être de chercher du boulot, un job de psychologue. Après ça m'a ouvert les yeux sur le fait que les voyages c'est pour moi très important, que ça m'a permis de me réaliser. Je pense que dans un futur proche je vais essayer d'allier ma profession et les voyages. J'avais pensé à travailler en tant que psychologue dans des ONG mais il faut que je travaille 2 ans en France d'abord.

De quoi rêves tu pour ton avenir?
Au stade où j'en suis aujourd'hui, c'est vrai que j'aimerais bien avoir une vie où je puisse être assez libre d'aller habiter où je veux, même si je sais que ça ne sera peut-être pas évident de faire ça comme ça. Mais en tous cas de pouvoir bouger, découvrir des cultures, de nouvelles personnes et en tous cas de ne pas rester statique. Rester statique je me rends compte que ça ne me convient pas.

Qu'est-ce que tu retiendras en particulier de cette expérience ?
C'est compliqué...En tous cas j'ai vraiment l'impression qu'ici c'est vraiment une page de ma vie qui se tourne. C'est vraiment un moment que j'ai pris que pour moi, ça m'a permis d'apprendre à me connaître vraiment et c'est la première fois de ma vie où je pars toute seule à l'aventure. Ca m'a permis de réaliser des choses sur moi même, de comprendre des choses par moi même. Je pense que le plus important pour moi c'est ça. C'était vraiment quelque chose d'assez égoïste et personnel. Alors après il y a tous les autres aspects de découverte de la Moldavie, la culture, les gens, les langues...Mais le principal pour moi c'est ça : ça m'a fait beaucoup grandir et j'ai appris à me connaître encore plus pendant ce SVE.