Quand le vice-président des Etats-Unis visite la capitale de la Moldavie, toute la ville semble s'arrêter. Résumé d'une journée pas comme les autres, quand le show politique à l'américaine s'exporte dans un petit pays aux frontières de l'Europe.
Le spectacle commence à 11h. Depuis tôt en ce matin du 11 mars, les rues du centre ville de Chisinau sont vides. La circulation a été coupée sur les grands axes et des centaines de policiers, postés tout les dix mètres le long du boulevard Stefan Cel Mare, canalisent la foule qui se rend à l'Opéra pour venir voir le vice-président des Etats-Unis.
En grand optimiste, j'arrive sur les lieux à 10h30. Le parvis de l'Opéra où Joe Biden viendra faire son discours est entièrement bouclé. Les spectateurs rentrent au compte goute après être passés sous l'un des quatre détecteurs de métaux, ces grandes portes que l'on trouve habituellement dans les aéroports.
Après une douloureuse attente serré entre quatre épaules, me voici enfin sur les lieux. Il est 12h mais je n'ai rien raté de la fête. Les marches de l'Opéra sont noires de monde et les milliers de visiteurs agglutinés tiennent tous dans les mains deux petits drapeaux: la bannière étoilée des Etats-Unis et le drapeau tricolore de la Moldavie.
Le parvis de l'Opéra est cerné par trois scène: sur la première trônent des dizaines de caméra, sur la deuxième, des musiciens maintiennent le public éveillé en attendant l'arrivée de Joe Biden, lui-même attendu sur la troisième scène, pour l'instant vide.
Pendant deux heures, des groupes de musique populaire moldaves s'enchaînent et reprennent, la plupart du temps en play-back, leurs plus fameux titres. Si ces quelques heures de musiques sans saveur devaient refléter la culture moldave, il y aurait bien longtemps que j'aurais quitté ce pays. Mais pour un événement aussi formaté que la visite d'un haut représentant Américain, je suppose que l'on ne pouvait pas attendre autre chose que cette soupe universelle.
A 14h, l'animatrice, qui tente tant bien que mal de motiver la foule entre chaque groupe depuis maintenant plus de deux heures, annonce l'arrivée imminente de MM. Biden et Filat. La foule se tait alors soudainement et une atmosphère angoissante de calme s'installe soudainement. Et quand la circulation d'une ville est bloquée, on se met alors à entendre le chant des oiseaux, le son du vent et le bruit des toussotements dans la foule. Dans le fond de la scène, un panel de citoyens Moldave a été installé. Rien n'a été laissé au hasard: il y a des vieux, des jeunes, des hommes, des femmes, des blonds, des bruns, des roux, tous équitablement représentés et alignés le long de trois rangées sur une petite estrade.
Puis soudain, les petits drapeaux s'agitent dans toutes les mains. Apparaissent alors Vlad Filat, premier ministre de la Moldavie, Joe Biden et leurs femmes, Jill Biden et Sanda Filat. Tout ce petit monde sourît et fait des signes de la main à la foule. Vlad Filat ouvre le bal et explique en roumain que c'est avec beaucoup d'honneur et de joie qu'il accueille un vice-président des Etats-Unis pour la première fois dans son pays. Joe Biden enchaîne. Il félicite le peuple Moldave de s'être battu pour son indépendance il y a vingt ans. Dans un discours consensuel et ponctué d'applaudissements, Joe Biden remercie le petit pays qu'est la Moldavie d'avoir offert deux choses aux Etats-Unis: Natalie Portman et Rahm Emanuel l'actuel maire de Chicago, dont les grands-parents sont originaires de Moldavie.
En à peu près vingt minutes, l'affaire est bouclée et la foule quitte les lieux. La vie reprend peu à peu son cours, les drapeaux américains sont décrochés et la circulation est rétablie dans les rues de Chisinau.
Pour en savoir plus sur les enjeux de la visite de Joe Biden en Moldavie, je vous conseille cet article en anglais ou celui-ci en roumain.
Cette petite vidéo vous donnera aussi un autre aperçu de l'ambiance sur place
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